Entrevue avec la Coffee Queen, Taïna Chalifoux, l’entrepreneuse derrière Caféine Pushers.
Présente toi ?
Je m’appelle Taïna Chalifoux, mais tout le monde m’appelle Coffee Queen. Ça fait presque 9 ans que je suis dans l’industrie du café au commercial, et maintenant au résidentiel dans la grande région de Montréal. J’aime faire des choses complètement débiles. La plupart du temps, tout le monde pense que ce que je fais c’est trop fou pour être vrai, mais finalement ça marche !
Qu'est-ce qui t’inspire ?
Je suis très inspirée par tout ce qui est art underground, tout ce qui est street. Je suis vraiment convaincue que les trends et les modes sont créées dans le street et qu’ensuite les gens comme moi apportent un certain cadre corporatif autour de ça. Tout ce qui est rap, le graffiti, l'art de rue et la musique font partie de mes inspirations.
D’ailleurs mon objectif cette année avec Caféine Pushers serait de ramener un lien entre l’art de la rue et le monde corporatif: faire un lien avec le langage montréalais et rendre le tout intéressant. Je veux introduire les artistes street, qui font des choses incroyables, au corporatif. Mais pour cela il leur faut des clients qui veulent sortir du cadre !
Quel est ton leitmotiv ?
Alors moi j’en est deux, ça dépend dans quel monde je me trouve. Moi je suis un peu comme Mr Jekyll et Mr Hyde: j'ai Di Napoli dans le corporatif où je suis sérieuse et où je porte des vestons, et il y a Caféine Pushers qui est beaucoup plus street sur un langage différent.
Pour Caféine Pushers ça serait « Break the rules !». Et dans mon monde plus corporatif, ça serait « le savoir c’est la confiance». Je suis convaincue que les études supérieures sont des propulseurs en entrepreneuriat et j’essaie de me battre contre cette espèce de mode qui adule les entrepreneurs qui n'ont pas fait d’études et qu’ensuite on les prend en exemple pour dire que ça ne vaut pas la peine d’aller à l’université quand on veut se lancer en affaires. C’est ce que j’aime communiquer, surtout aux jeunes femmes.
Qu’est-ce qui t'a donné le « go » ?
Moi j’ai une théorie. Pour savoir si c’est une bonne idée de se lancer dans un projet, il y a 3 critères. C’est un triangle et il en faut 2 sur 3. Un des coins est l’expertise, l’autre est l'obsession et le dernier c’est l’opportunité. Donc si tu as une obsession pour un produit, un service ou une solution et une opportunité : vas-y ! Tu vas trouver l'expertise et tu vas la développer. Si tu as une opportunité et de l’expertise dans quelque chose, tu vas y développer une obsession, donc go lance-toi ! Personnellement, moi j’avais une obsession et une belle opportunité; c’est pour ça que je me suis lancée et j’ai développé une expertise avec le temps. Je ne connaissais rien au café, je n’en buvais même pas au début !
Pourquoi l’industrie du café ?
On m’a introduit à un produit que je ne connaissais pas, qui était nulle part à Montréal qui est le pod biodégradable. Et puis, à partir de ce moment-là, je suis devenue complètement obsédée. J’ai même appris l’italien pour débuter ce business là ! J’ai eu une opportunité de quelqu’un qui connaissait un torréfacteur à Naples qui faisait ça.
Qu’aimes-tu le plus dans ton brand Caféine Pushers ?
L’image de marque. Je capote sur le brand. Le logo, les couleurs, la liberté que toute cette univers là nous donne d’être fou avec toutes nos campagnes et nos communications. En fait, ce que j’aime le plus c’est ça : c’est la symbolique de l'œil. Parce qu'un œil, comme ce qu’il y a sur notre packaging, peut être interprété socioculturellement de plein de façon. Soit d’une vision psychotrope, stimulante, spirituelle et chaque personne y attribue la symbolique qui lui convient. J’aime donc l’effet passe-partout du logo et de la symbolique du logo qui comporte toutes sortes de connotations.
3 mots pour décrire ton brand Caféine Pushers ?
Street, crazy et purple !
Ta définition d’un bon entrepreneur ?
Quelqu’un qui est capable d’accepter le rejet. C’est quelqu’un qui concrétise ses idées sans prendre en compte le rejet possible que ces idées là vont ramener. Quand on prend en compte le rejet, on fait des choses beiges, des choses neutres: des choses qui ne marquent pas l’attention des gens. Je pense que c’est important d’être polarisant et provocateur.
Quelle est ton idée du succès ?
Une des valeurs les plus importantes au niveau de l’entreprenariat c’est la liberté et l’autonomie. La liberté de créer. La liberté d’appliquer. La liberté de sortir du cadre sans que quelqu’un dise « non ça ne plaira pas à nos investisseurs ». Pour moi le succès, c’est la liberté totale.
La plus grande difficulté à laquelle tu as fait face ?
Ce n’est pas une réponse très typique. Parce que moi, j’avais déjà Di Napoli donc les obstacles je les ai rencontrés là. Lorsque j’ai créé Caféine Pushers tous les processus, les logiciels, la logistique et les partnerships étaient établis. Ce qui à pris tout mon jus, c’est créer un site web et m’arranger pour que les sacs de café soient parfaits entre la conception graphique, l’idéation du brand, les finis, les vernis, l’imprimeur d’ici, la manufacture en Chine, l’impression des étiquettes. Ça m’a pris énormément de temps.
Et maintenant, ta plus grande fierté en tant que femme d’affaires ?
Ma plus grande fierté en tant que femme d’affaires c’est d’avoir pris le concept du pod biodégradable que tous les fournisseurs de café de la grande région de Montréal ont snobbé, que tous les Italiens qui vendent ou qui consomment du café du grand Montréal m’ont traitée d’idiote pour avoir décidé d’entamer ce projet avec ce produit. Nombreux m’ont dit que ça ne marcherait jamais. Ma plus grande fierté, c’est d'en avoir fait un produit qui fonctionne. D’ailleurs, je peux te dire que d’ici la fin du mois de juillet, les 18 Première Moisson du Québec auront nos machines et nos pods biodégradables. Ma plus grande fierté c’est de faire un pied de nez à tous ceux qui disaient que je ne réussirais jamais dans ce projet.
Goûte à l'incroyable café de la Coffee Queen elle-même.
Entrevue réalisée par Corine Pinel, agente à l'expérience client, ancienne barista qui fait la meilleure mousse pour le café et qui dit qu'en «barista on appelle ça de la micromousse»